Chromatic variations of the day and the night

 

Il y a un impact très puissant dans l'utilisation des matériaux chez Fiocco. Les thèmes récurrents sont le cheval, la bouteille, le cœur, la tour, le jeu d'échec, l'arbre.

A partir d'une idée tangible, Fiocco la repense et la transforme en un archétype. Prenons l'exemple du cheval. La manière dont celui-ci est observé avec sympathie, puis transformé pour n'être plus que suggéré implique une réminiscence de souvenir nostalgiques (le cheval à bascule, évoqué sous une forme stylisée mais toujours définissable), souvenirs d'une enfance innocente, passée et magnifiée. C'est ce cheval qui est permanent dans l'œuvre de Fiocco, charnière d'un monde évoqué, quelque part entre une observation attentive et une perception subjective, une fantaisie vue à travers un rêve. A leur tour, la bouteille, le cœur toujours omniprésent, les fleurs et les arbres sont autant de thèmes récurrents dans l'œuvre de l'artiste.

C'est le monde de Fiocco, qui vit dans un désordre apparent, comme si les éléments décrits agissaient de manière autonome. En réalité, étudiés de plus près, ces éléments constituent des phases et des périodes de discours figuratifs, développés autours d'un thème central qui se rempli de variations, de digressions et enfin retourne à sa préface.

Après être passé par plusieurs étapes chromatiques, les dernières œuvres de Fiocco se concentrent sur une dichotomie noir/blanc. Ceci est une opposition pointue, dure, qui laisse très peu de place au plaisir afin d'attirer l'attention sur une coupure essentielle et élégante dans l'œuvre. Il n'y a plus de place pour la digression colorée, fantaisiste, montrant ainsi la maturité acquise par l'artiste.

 

Prof. Mauro Cova

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Variations au-delà de la couleur

 

Couleur, couleur pure qui devient empreinte chromatique même dans le seul rôle de signe. Dans les toiles impétueuses de Michele Fiocco la couleur couvre totalement la surface du tableau. L’oeil de l’observateur en est attiré, comme par un feu dansant.

L’épaisse consistence de la couleur vibre, se modèle et se rebelle à l’image traitée, elle se caille significativement dans de rudes anfractuosités. L’artiste sait orchestrer chaque rédaction, il maîtrise les formes instables et la couleur tridimensionnelle.

De cette façon il donne de la cohérence à la structure, là où les toiles sont dynamiques et orageuses, le fond est caverneux, riche d’attentes et d’emotions; là où l’ensemble est plus chuchoté, où le tumulte et la tension se calment, on dirait, pour laisser place à l’essence présente du sujet représenté.

On peut définir les tableaux à sujet floral totalisants et imposants, intenses et pensifs: ici l’abilité technique défie le jeu de la masse inerte de la couleur. Sorprennants sont les contrastes des allumages luminescents, ou encore les ombres tapotées de bleu surréel, de vert laqué, de grumeaux jaunes et orangés, d’où on voit sortir la corolle tourbillonnante d’un tournesol ou la bouche charnue d’une fleur immaculée.

La fleur est non seulement le sujet représenté, mais surtout le temoignage de la grande suggestion, de la variété et de la multiplicité des secrets échos ressentis par l’artiste. Les corolles s’entrelacent comme des doigts, les teintes fortes se répandent, les jeux de pétales libres sont un léger et authéntique point de conjonction entre le monde sensible et la spiritualité. 

En effet, il paraît que la fleur veut retenir le sens de la beauté et non seulement la forme, elle ne veut pas céder à la fragilité et à sa vie brève: une âme inaltérable opposée à la caducité.

Dans la peinture de Michele Fiocco est aussi évidente une croissante exigence d’élégance, une recherche de variations rendues à la toile avec grande maîtrise.

Le language se fait plus contenu, il vise à modérer la couleur en faveur d’une raréfaction des structures compositives: le composé chromatique est utilisé uniquement comme abstraction. Cette intention est evidente surtout dans les natures mortes, qui sortent d’une base rêche et sableuse: l’objet est une idée, un souvenir plutôt qu’une représentation concrète.

Elaborées, exactes et essentielles, les natures mortes ne veulent pas représenter seulement une tranche de vie: elles dégagent une force riche de contenus qui les transforment en harmonieuse expression lirique.

Une assiette de fruits, un verre, une bouteille, un vase s’entassent dans un espace intemporel. On a l’impression que ces objets soient détachés de son milieu humble, qu’ils communiquent à travers un intime lien de correspondences, qu’ils se placent dans le même noble entourage où l’atmosphère est magique et irréelle.

On ressent une sensation identique devant les figures feminines en position ovale: elle sont fragiles mais aussi incisives et puissantes. Tracées à teintes fortes, les images ont un profil délicat, un aspect spectral. Composées et entrelacées de fils infinis, désobéissantes à tout parcours, les images se réunissent dans un ensemble sans équivoque figuratif: chaque élément distinct va à former une unique identité.

Pour l’artiste quand même la couleur reste l’élément de preuve le plus exaltant. Et cela est confirmé par la récente aventure picturale: epais espaces monochromatiques, animés par des franges et par le dripping, invitent des insertions en verre. Les objets minuscules ne ressortent jamais comme protagonistes, mais comme complements à la vitalité de l’effet chromatique qui dévient "confluence de lumière".

Fiocco arrive à un niveau remarkable d’expressivité aussi dans l’art graphique.

Merveilleuses les créations blanc-noir, où force et délicatesse se rencontrent à travers les variations de tons gris et les contrastres lumière-tenèbres: une combinaison entre force incisive et légeresse de vision.

Il s’agit d’oeuvres qui reprennent le sujet de la fleur et des natures mortes: l’artiste les ramène, lyriquement épurées et re-inventées, à la synthèse des ses expériences sensibles et techniques.

 

Vera Meneguzzo

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prof. Umberto Zaccaria

 

Dans l’évolution créatrice qui alimente les dernières oeuvres de Michele Fiocco on dévine l’exigence d’un art libre qui va s’affranchir de plus en plus de toutes les limites du formel.

L’origine de son art se situe dans l’extraordinaire capacité d’utiliser des techiques et des méthodes très originales associées à un engagement ferme et humble qui sait transformer la réalité en s’éloignant des contraintes figuratives dans la recherche ostinée de la simplification de la forme. Une profonde sensibilité vers les valeurs tonales des émaux et des huiles adoucit les coups de pinceau délayant les teintes en délicates assonances chromatiques.

Les compositions de Michele Fiocco capturent la fantaisie de l’observateur et l’accompagnent dans un voyage très conscient à travers les sillons creusés dans la matière suivant le rithme joyeux des contes de son monde privé.

Sa fantaisie passe à travers les fleurs, les arbres et les fruits pour déclancher son évasion de la réalité et se émotions auxquelles la Nature, façonnée d’après des symboles intérieurs , semble se laisser vaincre. Tous ces éléments sont savamment représentés sur une scène bien équilibrée où tous les acteurs racontent leurs sentiments et leurs souvenirs.

Il arrive même que les rouges, les bruns ou les blancs des arrière-plans justifient le choix des sujets, de leur force sémantique parfois fragmentée dans un rapport de forme et de couleur qui en facilite la lecture ou en met en relief les traits. La matière même exalte son caractère raide et ardent.

Mais quand le sujet s’exalte au centre de la toile et les lignes deviennent plus larges et creuses , on apprécie mieux la surface qui devient l’origine tourmentée de la force vitale s’coulant en précieux arabesques informels dont la profondité tridimensionnelle est prépondérante. La maîtrise des techniques et son état de symbiose avec la Nature portent l’art de Michele Fiocco de plus en plus vers l’informel dans l’exténuante recherche de nouvelles armonies des lignes et des couleurs façonnées par son cohérence.

 

Veglie, september 1999                               prof. Umberto Zaccaria

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